L’intelligence artificielle ou IA est aujourd’hui présentée comme le défi des dix prochaines années.
Machine learning (capacité de la machine à apprendre à partir de données), Deep Learning (capacité de la machine à modéliser à partir de données), réseaux neuronaux, tous ces termes ne nous parlent pas toujours. Même si toutes ces avancées peuvent nous effrayer, la question de savoir si le coaching tel que nous le pratiquons devra ou pourra évoluer doit être posée.
Tout commence en 1943 avec la machine de Turing, puis dans les années 50, le neurophysiologiste Warren McCulloch et le mathématicien Walter Pitts publient un article décrivant le fonctionnement de neurones en les représentant à l’aide de circuits électriques. Cette représentation sera la base théorique des réseaux neuronaux, et donc de l’IA.
La machine est aujourd’hui capable de remplacer les aides en ligne grâce au Chatbot, mieux connu sous le nom de Docteur Watson, le système d’IBM. Elle analyse nos textes, nos questions, nos gestes, et peut dialoguer. Des robots sont capables d’accompagner des personnes âgées.
La capacité d’apprendre des machines est démontrée : par l’accumulation de données, les big data, ou par essai erreur, et récompenses, grâce à des algorithmes de plus en plus compliqués, la machine est à même de reproduire ce que nos milliards de neurones réalisent chaque jour. La parole émanant de systèmes nous environne. L’informatique dite « ambiante », ubiquous Computing, interprète nos gestes pour nous dire des choses. Des capteurs lisent le visage et analyse les émotions (expérience living MonaLisa), le diagnostic du médecin est remplacé par des systèmes de capteurs collés à nos corps .
L’intelligence artificielle est capable de prendre des décisions, rationnelles, elle peut être envisagée comme détentrice de vérité, mais quelle vérité ? Les dérives potentielles ont été identifiées très tôt par des Orwell, Ellul ou Ahrendt.
Les comportements et les émotions seront-ils un jour prédictibles, copiables, injonctifs ? La question est posée, et les premières expériences ont eu lieu.
La machine sera-t-elle capable d’analyser les émotions qui sont au cœur de notre accompagnement, mais aussi la Meta communication, le ressenti, les non dits ? Nous pouvons depuis toujours observer une émotion, et la machine peut le faire. Nous pouvons représenter une émotion, les masques grecs ou de la commedia dell Arte en sont la preuve et la machine peut le faire, la machine sera-t-elle un jour capable de nous surprendre, d’avoir des intuitions ? Non, nous dit Jean Claude Heudin.
Mais, les chercheurs sont ambitieux. Les émotions jouent un rôle déterminant dans les processus cognitifs, notamment les taches d’apprentissage, et influencent considérablement la performance individuelle, et donc celle de l’entreprise. Ainsi, la tentation est grande pour les entreprises, de mesurer l’état émotionnel de ses employés et d’y apporter des réponses le cas échéant. Une combinaison de capteurs sonores et vidéos associée à une IA de reconnaissance d’émotions donnerait aux entreprises les moyens de connaitre en temps réel l’état émotionnel des employés et par déduction prédire les performances commerciales de l’entreprise. Un assistant émotionnel personnel pourrait donc à terme « augmenter » l’intelligence émotionnelle des individus. Et des modèles API[1] de mesure et détection de l’émotion sont développées : Google, Ibm…
Alors, j’imagine un épisode de Black Mirror, dans lequel une personne confrontée à une difficulté se connectera à une app[2] : artificiel coaching. Il répondra à des questions posées par un Docteur Watson qui lui permettra de préciser sa demande. Il lui proposera ensuite de choisir entre trois coachs qui lui seront présentés sous la forme de courtes vidéos. Il en choisira un, prendra rendez-vous à deux heures du matin, car il préfère la nuit. Il se connectera à l’heure dite. Le coach sera présent en face de lui sous la forme d’un hologramme. Et les échanges commenceront. Des capteurs (une petite puce posée sur son front) analyseront ses réponses, le ton de sa voix, ses mouvements, ses silences, ses contradictions. Les questions posées par le coach seront décidées par apprentissage essai erreur. Le coach sera comme personne réelle, exprimera des émotions, l’accompagnera.
Et notre client se posera la question, est-ce une machine qui me prescrit de façon subtile un comportement ou juste un coaching à distance, et un coach qui en toute humilité et avec sa réflexivité a la posture basse d’écoute qui me convient ?
EVERYTHING IS UNDER CONTROL
À nous de choisir ce qui peut être utile à notre posture et ce contre quoi nous devons nous battre, que la machine soit à notre service, et non que nous devenions les esclaves de ces machines ou de ceux qui les programment.
Pour en savoir plus grâce au net 🤑
Laurent Alexandre : Fondateur de Doctissimo
Yann Lecun : mathématicien spécialiste de l’Ia, médaille Field 2019
Eric Sadin : philosophe, essayiste et subversif
[1] actualisation du potentiel intellectuel
[2] Terme qui résume les nombreuses applications que nous avons aujourd’hui sur nos téléphones